vendredi 10 septembre 2010

"Paris c'est la ville de l'amour"


A cause de quelques problèmes administratifs, me voilà dans l'obligation de passer une semaine à Paris pour obtenir mon Visa étudiant avant d'aller au Japon. Une semaine à Paris, une semaine dans un sas, entre deux vies, . Et pourtant...

En ce moment, il ne fait ni chaud, ni froid, mais le soleil est glacial. Les rues sont éclairées faiblement mais bien visibles tout de même. Je n'avais jamais remarqué que Paris était aussi belle. C'est comme un musée géant, des grandes statues, des bâtiments écrasants de prestige, une accumulation de lieux cultes, un fleuve gigantesque, des êtres humains partout qui viennent et sortent sans cesse des bouches de métro. Paris est une engloutisseuse, elle mange et dévore des vies, emprisonne des âmes et ensorcelle les passant. Une illusionniste. La ville de l'amour.

Un jour, une fille aux seins énormes m'a dit que Paris était une ville romantique, une ville pour les histoires d'amour. Pourquoi pas? Il est vrai qu'il y a beaucoup de gens beaux à Paris (comme partout vous me direz). Un espèce de conte de fée perpétuel, qui définit la mode et les codes de l'amour. Ville romantique: on aurait presque envie de s'y promener à cheval et de chanter des sérénades aux balcons. Mais je reste sceptique, avec la petite phrase de Flaubert bien en tête: « Ce qui reste sous le balcon après le passage d'un romantique, c'est le crottin de cheval ».
Mais Paris est bien la ville de l'Amour, car les amoureux y viennent pour s'embrasser.
Sous les faibles rayons du soleil, un jeune couple, beau et fringant, s'embrasse à perdre raison adosser à la barrière qui les séparent de la Seine, qui coule sans réfléchir. En passant dans les jardins, il y a des « amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics », main dans la main, des étoiles plein les yeux. Ils passent amoureux le long de la Seine. Assis dans l'herbe, ils se prennent en photo, comme pour s'immortaliser, pour ne pas que leur amour s'envole, et pour se prouver que leurs baisers ont du sens.

C'est à ce moment là qu'une petite flamme est apparue dans ma main. Je n'ai pas eu peur, je l'ai regardé dans les yeux et j'ai continué ma promenade.
Et la flamme grandissait au fur et mesure que je déambulais dans Paris. Quartiers des Halles, puis Hôtel de Ville, Nôtre Dame, St Michel, les amoureux étaient toujours là autour, et la flamme grandissait. Le ciel s'assombrit. Les couples traînaient partout, comme des ombres. L'un offrait une pâtisserie à l'autre, comme pour montrer son amour autrement que par les mots, avant de le manger. D'autres s'embrassaient, tels des goulus, parce qu'au final, le corps parle plus que l'esprit. D'autres, partout, entrelacés comme pour éviter de se dire des mots qui n'expriment pas les complications de leurs esprits fatigués. L'amour se déclinait dans le noir, sombre et inaudible.
« L'amour est à réinventer, on le sait »

 Merci Rimbaud. Réinventer l'amour, ne pas tomber dans ses pièges, sa dépendance, aimer en le liant à la liberté, car les deux ne sont pas antinomiques. Aimer, ce n'est pas clair et distinct, ce n'est pas évident: l'évidence rassure mais leurre. L'Amour, comme la Liberté, est plein d'inconstances et de définitions, d'hésitation et d'incertitudes. Il se crée, s'invente à chaque fois. Et il brûle, gèle, va et revient.

« Parfois ton amour, ou cet astre que tu ne peux nommer, gelé, me brûle les mains ».


Traversant la rue, je voyais la petite flamme vaciller, comme si le Soleil, en pleine éclipse, ne pouvait le raviver. Et j'ai vu le tourbillon de mon amour autour de la flamme, accroupi pour la protéger. Il faut protéger ce qui est précieux des intempéries du dehors. Paris: on ne peut qu'en tomber amoureux et faire l'amour entre ses murs. Ce n'est pas la fille aux gros seins qui me l'a dit. C'est la petite flamme dans mes mains, vacillantes, aux milieux des pavés de l'engloutisseuse.

Et secoué, les cheveux en bataille, les lunettes de travers, toujours accroupi pour protéger la faible flamme, j'ai regardé, le nez en l'air, les rayons d'un grand Soleil glacé.

"Zot lamour parey in soley glasé"
Paris n'avait jamais été aussi belle.

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