vendredi 24 septembre 2010

演劇が好き

(Petite introduction pas en rapport avec le sujet-tudududu imitant le bruit du métro à Tokyo)

Je viens de redécorer ma chambre. C'est qu'elle était un peu austère la bougre! Cette année, j'ai obtenu une chambre dans un dortoir qui se situe dans un quartier de Tokyo (en fait je sais même si on peut dire que c'est dans Tokyo) qui s'appelle Koganei.



First thing first: c'est un dortoir de l'Université de Sophia. Il y a a peut près plus de Japonais que d'élèves internationaux (enfin d'Américains, il y a vraiment beaucoup beaucoup d'Américains). Deuxième chose: c'est un dortoir de mÂÂÂÂles. Le sexe opposé, fruit défendu, est donc cruellement absent. Couvre feu à minuit, expulsion immédiate si vous amenez Bobone à la maison pour prendre le thé (ou pas) , absences nocturnes qui doivent être signalées sur une fiche à l'entrée: Pas de doute, nous sommes bien au 21ème siècle. En revanche, aller comprendre pourquoi, on a le droit de boire dans les chambres. C'est ignorer deux choses: depuis Hélène de Troie, il n'a jamais été prouvé que les femmes amenaient autant la bagarre qu'une bonne chouille. Deuzio, c'est pas parce qu'il n'y a pas de filles que les garçons deviennent des anges. Bref, vous aurez compris que des petits archaïsmes hantent les couloirs de Koganei. En tout cas, l'ambiance reste bonne. J'aime bien les dortoirs. C'est sympa de manger à heure fixe avec des gens et d'essayer de parler de Kyushu avec un Japonais terrorisé dans un anglais approximatif (enfin pas pour moi, car je lui répondais dans un japonais tout aussi approximatif, héhé).



Comme je le disais donc plus haut, j'ai redécoré ma chambre. Je l'ai mise au couleur de l'Inde, avec deux ou trois tissus et posters que j'avais ramené de là-bas (siiiight). Ensuite, je me suis attaqué à la période nostalgie: photo des amis et des parents, cartes postal de Berlin, Hanoi, Bangkok ou Bruxelles, histoire de rendre cette chambre vivable. Pourquoi je vous dis tout ça. C'est parce qu'au moment où je vous écris, il y a une photo d'une troupe de théâtre et qu'elle me met plein de souvenir dans ma tête.


J'avais envie d'en parler un peu, de cette troupe de théâtre qui n'a pas de nom. Je pense à elle assez régulièrement en fait, comme un bon souvenir qui ne voudra jamais s'éteindre. J'ai toujours fait du théâtre à l'école, depuis la 6ème. J'aime bien le fait de pouvoir vaincre sa timidité. Je suis timide en général, mais pas avec le théâtre: il y a quelque chose de rassurant, un masque réconfortant, et surtout un sentiment de se purger, d'aller au devant de soi. Quand je suis arrivé au Havre, dans la pluie et l'effarante difficulté de la nouveauté, je suis entré dans l'atelier théâtre et là (attention lumières), ben ça allait quand même mieux. Non, en fait, ce qui m'a plu, c'est le fait que des élèves puissent créer seuls quelque chose de bien, puissent faire des cours par eux même. Marion avait commencé, et j'ai su dès la première séance que je voulais le reprendre quand je passerai en deuxième année. Aude et moi avons donc repris l'atelier, avec plein de doutes mais beaucoup de motivation.

C'est un véritable plaisir: écrire un cour, penser un cour, voir un cour se faire sous vos yeux, voir les gens vous faire confiance. Je ne crois définitivement pas aux essences: on ne nait pas metteur en scène ni prof de théâtre mais on le devient. En fait, le plus important est de se construire une autorité, et pour les autres, et pour soi-même. Avec Aude, au début, on a galéré. Servir de prof à nos amis, c'était pas facile. C'était gagner une confiance que nous n'avions pas encore tout à fait nous même. Mais au fur et à mesure, c'est venu. Madame Schwarz est venue consolider notre projet, on a vite trouvé des idées de pièces et nous nous sommes rapidement adaptés pour le minicrit.

Cette année est passée à la vitesse de la lumière. Engueulades, rires, questions, théâtre, théâtre, théâtre. Le théâtre m'a empéché de penser à l'année qui se passait, aux grands changements dans ma vie, à mon champ de bataille émotionnel. Il me mettait dans un stresse constant, mais dans un bon stresse. Le stresse de voir ce qui se passe dans ma tête arriver sur scène. Le stresse de voir que ce qui arrive dans ma tête peut être modifier par les autres. Ce que j'ai aimé dans cette expérience, c'est de voir à quel point les projets artistiques peuvent être démocratiques et ont besoin des autres. Ces deux pièces de théâtre, même si Aude et moi en avons dessiné les contours et proposé les ficelles, ont été brillament interprétées, modifiées par les acteurs. J'ai bien aimé mon rôle dans l'histoire: leur montrer que, comme moi et mon costume de metteur en scène, ils pouvaient revêtir celui d'acteur. Il n'y a pas d'essence figée, il suffit juste parfois d'y croire un peu et les frontières sont minces. Je ne pense pas qu'Amélie croyait pouvoir pleurer devant des centaines de personnes au début de l'année!

Ce qui se passe en coulisse est généralement inoubliable. Avant la BDA night, j'ai connu un stresse qui, et je le pensais vraiment, était sur le point de me tuer. Tout allait dans tous les sens, tout le monde était nerveux. Je n'avais qu'une envie: leur dire de se taire, leur dire de se faire plaisir. Mais est-ce que je prenais du plaisir moi? Je ne sais pas: surement. Je stressais. S'ils savaient que cela faisait trois nuits que je ne dormais plus. Stresser parfois, ça fait du bien. Heureusement qu'on a pris cette photo, qui m'a fait exploser tout le stresse, pour qu'un superbe spectacle se déroule sous les yeux surpris du campus. En coulisse, au Minicrit, j'étais plus serein alors qu'Aude était livide. Chacun son tour: on ne contrôle pas le stresse. Tout le monde courait partout, je me souviens avoir vu Agathe pleurer, Arthur lire son livre d'économie pour ne pas y penser, Axel et Edouard tourner en rond comme des fauves, Amélie un peu verdâtre et muette, Shanna et Guillaume plutot calmes et maitrisés, Youri un peu en vrille, Quentin fidèle à son stoïcisme, Camille s'occupant comme d'habitude, pour ne pas y penser, maquillant tous les mecs en travelos, Emilie et Clarisse, plutôt impassibles: chacun gère le stress comme il peut. "On fait passer l'electricité?" " On fait un calin?" On l'a fait Aude, on l'a fait: une troupe qui rit ensemble, qui se fait passer le courant! Le courant passe. C'est ce qui compte: gagner n'est pas important (parce que de toute façon, on était les meilleurs). Ce qui compte c'est la troupe, c'est le groupe.

"-Non, mais c'est débile de pleurer, j'ai l'impression de me forcer, mais d'un côté ça me touche ces conneries
-Paul, c'est un gala, c'est normal d'être touché parce que tu reçois un cadeau pour autant d'efforts et parce qu'on s'en va
-Non mais j'arrêt pas de me dire que je surjoue la tristesse, toujours cette impression de jouer et de ne pas être sincère, d'être convenu
-Pourquoi tu ne te fais pas confiance comme ça? Pourquoi tu crois pas en ce que tu sens?
-Je sais pas. Pas étonnant alors que je doute de l'amour des autres. Si je me fais pas confiance, comment tu veux que je fasse confiance aux autres, ou te faire confiance?

Impressions éparses. Maintenant, Clarisse et Emilie reprennent l'atelier. Quentin et Shanna sont restés, preuve des bons souvenirs. J'espère que tout se passera bien. Je leur fais confiance, entièrement, parce qu'il y a toujours une évolution vers le haut. Et là c'est génial: cela veut dire que ce qu'elles feront sera encore mieux! Mais il ne faut pas mettre la pression: je vous souhaite de vous exprimer d'abord, de faire ce que vous aimez et que les autres l'aiment aussi. C'est 90% de la satisfaction.Les 10% qui restent, c'est pour la victoire. Enfin bon, j'en doute un peu: parce que c'est quand même bien aussi de rentrer à pied tous ensemble en se disant que de toute façon, ils sont trop nuls, et qu'on aurait du gagner, enfin même, qu'on a gagné dans nos coeur. Voilà.

Je pense à vous.

"Oh roi Faragarafaramus, quand te désoriginaliseras-tu?"

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