dimanche 3 avril 2011

Bonjour Vietnam


Bonjour Vietnam.

Au réveil, avec un parfum de Chine, à Nanjing ou à Pékin.

Entreprise toujours égocentrée d'essayer d'attraper le stream of consciousness. N'ayez pas peur de l'excès de « Je », car c'est une expérience plus qu'autre chose.

« Je » est allé au Vietnam pendant un mois et demi, et a vécu au 11 rue Ngo Huyen à Hanoi.

« Je » a écrit un journal pendant ce temps là, en a choisi des extraits et les a mis ici, agencé et retouché un peu parfois.
« C'est un peu comme si j'avais toujours été une goutte de pluie, attirée par la grande surface lisse de l'eau, pour réveiller l'eau qui dort, et en faire un océan déchainé. »

Le voyage. On est toujours sur le départ, et en même temps sur l'arrivée. On a ce sentiment étrange, où on sent vraiment l'instabilité de notre identité, tout en étant entre une grisante situation d'être et un inquiétant sentiment de n'être plus rien du tout.

Voyager seul. Il y a des défauts et des qualités. Le défaut est que l'on est seul, et que la solitude prend un drôle de goût. On ne s'offre pas un bon restaurant quand on est seul. Le bon côté, c'est qu'on est aussi seul. Quand on est seul, on va vers les gens, on rencontre de nouvelles personnes, qui resteront avec nous un moment court ou long. On a cette chance de pouvoir se réinventer l'espace d'un instant, de ne pas être figé dans le regard de ceux qui nous connaissent déjà, et qui nous jugent nécessairement. Et puis on peut écrire un journal...

« Dire que je vais rester toute la journée assise »
Camille, Assise






04/02/2011, Narita, Japon


“Dans l'aéroport, sur le départ. J'avais envie de manger un dernier repas japonais avant de “prendre la route”. C'est marrant comme on peut se faire des films, et donner une signification à ce que l'on fait. « Voyager pour s'appauvrir » disait Michaux. Mais parfois, je me dis qu'il faudrait arrêter avec le cynisme. Finalement, peu de gens font ce que je fais, et c'est pour cela qu'il ne faut pas que je transforme ce que je vais faire en un poncif, ne l'ayant pourtant jamais vécu.

(…)




Pourquoi le Vietnam? Un de mes amis d'enfance est d'origine vietnamienne. Je crois que ça a contribué à mon attirance initiale. Et puis, c'est comme toute l'Asie du Sud-Est: entre l'Inde et la Chine. Et puis, il y a Marguerite Duras, et l'ambiance de ses romans qui sent bon la Cochinchine. Et puis, il y a ce cours d'Histoire du Vietnam, avec pour appui la littérature, qui était passionnant. Besoin aussi de partir, de changer d'air.

(...)

Je serai seul au Vietnam. Cela peut paraître triste, et je le serai peut-être, mais finalement, c'est aussi être plus libre. (…) Non pas une solitude radicale, mais j'aimerais bien être bien avec moi-même et ne pas courir après les autres. Je vais donc me promener, et on verra bien.

(...)

Dans moins d'une heure, je vais me diriger vers un pays communiste sans billet de retour. La chose présentée de la sorte, il y a de quoi se demander si je ne suis pas entrain de jouer les Hô Chi Minh qui va passer ses vacances au Komintern! Bon, si jamais ils se dressent contre moi, j'aspirerai le dragon qui dort au fond de mon ventre, et je ferai face.

C'est étrange comme tout ce qui nous ronge peut surgir à la seconde où quelque chose ne se passe pas comme prévu. Peut-être que mon problème, c'est ça: l'imprévu. J'ai essayé par tous les moyens de comprendre d'où me venait cette faiblesse pour l'improvisation. Il y a toujours ce quelque chose noir, ce pas en arrière, cette incertitude de ne pas faire bien.

(05/02/2011)

A Hanoi, Little Kitchen
(06/02/2011)

Me voici au Vietnam. Mon courage n'a pu m'amener que dans un restaurant pour touriste, et me voici à manger un Cheese Burger. Ce qui est cool, c'est que quand on voyage seul, il n'y a personne pour juger de ce que l'on fait ou dit. (…) Il règne ici une paix que je n'ai connu ici ni à Tokyo, ni à Delhi.

(...)

Les premières impressions sont bonnes. La ville, en tout cas le Vieux quartier est plutôt sympa. Les gens sont beaux. Les femmes sont petites et brunes, belles, parfois immensément belles. Les hommes sont de vrais hommes, très beaux aussi.

(...)

La solitude. Je crois que c'est un thème qui va revenir souvent. Non pas que je la ressente particulièrement. Elle fait peur avant qu'on la vive. Elle fonctionne devant les autres, comme la honte. La solitude est solitude de soi devant autrui. (…) Pour ne pas transformer ce voyage en traversée du vide, qui n'aura à la fin, que le goût bien étrange du sable du désert.

En me promenant dans les rues de Hanoi pour retrouver l'alliance française, je me suis surpris à penser que l'entreprise de s'écrire à soi-même était aussi un art. Quand on se parle à soi, on se parle sans masque, on est en face de ses propres contradictions et incertitudes. On ne se fait pas un cirque quand on s'écrit, quand on se parle. Or, quand on écrit en vue d'être lu, alors notre écriture se transforme. Elle se pare de milles et un reflets d'opales scintillantes.
C'est un peu pareil dans les relations humaines. Quand on est face à soi, on se dit tout et son contraire. On est tout et rien. Mais on devient quelqu'un quand on parle à l'autre. On se pare et se déguise. Mais c'est quand on commence à connaître l'autre par cœur, qu'on découvre que, comme nous, il n'est rien d'autre que du vide, sans cesse cherchant à se définir.


(…)


Les rues de Hanoï sont toujours tranquilles. J'ai réalisé aujourd'hui la frustration que j'éprouve à ne pas comprendre la langue qui m'entoure. Les Vietnamiens parlent l'Anglais et le Français avec le même accent qu'on utilise pour parodier les Chinois dans les films. Parfois, je ne peux m'empêcher de rire quand je les entends, mais je m'arrête généralement assez vite. Difficile de se moquer, même gentiment, de gens qui parlent un langue pourvue de 6 tons différents. Xin loi, Viet nam!

(…)

Tous habillés de la même manière, avec le même sac, dans des hotels « backpack ». J'essaie d'éviter le tourisme à la Lonely planet. Étant donné qu'il s'agit du seul livre que j'ai acheté, le résultat est un peu difficile à atteindre. Alors on arrive dans un endroit indiqué, accompagné de trois autres péquenots qui ont lu la même page, l'air un peu bête en se grattant la tête, parce que comme vous, ils ne comprennent rien au système des rues de Hanoi. Mais bon, ne nous moquons pas du tourisme. Il est quelque part une forme démocratique du loisir, même s'il semble parfois être devenu une industrie.

Aujourd'hui:
-Mausolée d'Hô Chi Minh
-Musée de Hô Chi Minh
-Musée de l'ethnologie

(…)

Hari vit dans le Lac, dans un monde à l'envers. Un monde où tout est plus tranquille, où les êtres humains ne s'enchainent plus. C'est un peu le personnage central, le point de convergence. C'est une déesse qui pousse avec la pluie. Je pense qu'on peut la faire pousser au départ, un peu comme une plante, avec l'arrivée de la pluie. Je pensais aussi à une scène de danse avec John. Une musique douce et triste, où les partenaires de danse s'échangent.(...)

Plus j'écris dans ce journal, plus je me rends compte à quel point je me pose des questions et que je me prends la tête. Peut-être que le but de ce journal, c'est d'arriver à réduire le nombre de question pour arriver à l'affirmation d'un « discours plus ferme et conceptuel », à poser moins de questions et à donner plus de réponses. »


Mardi 08 Février 2011

Les petites femmes de la Maison du droit.

Au Viet nâm, les gens ont des noms simples et des noms de famille compliqués. Ainsi, au Vietnam, on préfère dire Madame/Monsieur+ Prénom.

La Maison du droit vietnamo-française est presque essentiellement occupée par des femmes. Ainsi, petite Ha, la secrétaire apporte les dossiers à Madame Ha, qui va de mander à Mademoiselle Tam, l'interprête, d'en effectuer une traduction. Quand Mademoiselle Tam fait une pause, la jolie Tan passe dans son bureau pour rigoler et boire le thé. Arrive alors Mademoiselle Thoa, qui a l'air si jeune, et qui est « si timide », qu'elle ne peut me parler quand je lui parle en français. Mais bon, il faut travailler, parce qu'à côté, c'est le bureau de Madame Hao, la directrice. Là où je travaille, c'est à dire dans le bibliothèque, en face de mes chers camarades français perdus au Vietnam comme moi, il y a Mademoiselle Thu qui travaille. Mademoiselle Thu ne parle pas beaucoup. Mais Mademoiselle Thu à un cœur d'or. Comme Madame Anh d'ailleurs, la bibliothécaire.
Les Vietnamiennes en général, en plus d'être particulièrement jolies, sont d'une gentillesse remarquable.
Le sourire des Vietnamiennes. On pourrait en parler des heures. Alors pourquoi je n'en parle pas? C'est peut être parce que je le garde dans ma tête, comme un secret, comme un trésor.



Mercredi 09 Février 2011

« Le matin: moto taxi. Il est trop difficile de se lever à l'heure.(...) Une bonne journée avec des rencontre à la fin ».
Parfois, j'ai l'impression d'être Dorothy dans le Magicien d'Oz, mais dans le pays de l'Oncle Hô. Se promener parmi les rues bruyantes et vivantes d' Hanoi, au détour des petits restaurants et des magasins improbables, à rencontrer des regards, des visages.



Vendredi 11 Février 2011

« Les longues guirlandes électriques bleues remuaient faiblement, poussées par la brise qui soufflait. Je suis à la table d'un café, en face de la Cathédrale St Joseph, à Hanoï. »

Samedi 12 Février 2011

« C'est étrange ce sentiment de Damoclès. J'ai toujours peur que quelque chose me retombe dessus, comme le sentiment de solitude. Ne pas se foutre la pression. Tel est le but. (…) Je me sens plutôt bien dans ce pays. (…) Hier, j'ai vu la troupe de Than Hang, ou les marionnettes de l'eau. Art populaire au début, je trouvais ça bric-et-broc, mais en vérité, il faut replacer les choses en contexte. Alors j'ai compris pourquoi les chanteuses avaient l'air détendues... Et puis ce dragon fluorescent. Je me demande si le Parti Communiste a utilisé cet art pour faire sa propagande dans les villages. (...)




Mercredi 16 Février 2011

« Nous avons tous nos petites psychoses personnelles qui sont finalement d'un banal ennui. Les choses sont obsédantes ou ne le sont pas: le silence fait bien taire les êtres. Et on se sent mieux à force d'y croire.
Hanoi est une ville qui me plait. La vie y est douce et mystérieuse, les gens gentils et patients, la triplette « colonialisme, vietnamien, communisme » se réunissant dans une création intéressante et bigarrée.
J'entends le clocher de la cathédrale. Magnifique élément européen au milieu des rues typiquement vietnamiennes. Je sais ce que je veux faire de ma vie. Ou pas. De la politique. Je veux lier l'Art à la politique, fédérer des hommes, réaliser des projets, voyager pour découvrir comment faire à l'étranger pour allier les deux. Mais pas seulement. Plus tard, je veux être heureux. Pour de vrai. Mamamia, je vais finir au Pôle Emploi.

Samedi 18 Février, village de Dong Ky

Ça passe trop vite.
Aujourd'hui, une belle découverte du Vietnam du dehors, ou encore, du dehors de Hanoï. J'ai découvert ce que je préférai des voyages: faire de la route. Sur la route, nous sommes en partance pour un entre-deux plaisant, et nos yeux défilent très vite sur des paysages qui sont toujours différents. Je veux passer ma vie en chemin, j'aimerais faire de grandes routes sans fausses réponses. Les vraies réponses sont celles qui ouvrent encore plus de portes, probablement. Dehors, la campagne vietnamienne, et pas grand chose à part des rizières, à perte de vue. »


 Mercredi 22 Février 2011

« Dans le bus, je suis assis à la fenêtre. Le bus doit dater du temps du COMECON, car il semble tellement vieux, qu'il semble être directement importé de l'URSS. Les vitres fermées sont tellement sales qu'elles n'offrent de la ville qu'une vision grise et terne. Hanoi c'est aussi ça, à l'heure de pointe, quand le soleil se couche, et que toutes les motos rentrent chez elles, dans une tornade de pots d'échappement. Je ne peux penser à autre chose. Mais la douceur de la température, et la faible lueur du soleil parviennent encore à transpercer les nuages lourds de pluie et de pollution.

Je me sens plutôt étrange, assis dans ce bus, brinquebalant au milieu des milliers de motos et de voitures, du ciel qui s'assombrit comme s'il nous conduisait un peu plus vers les ténèbres bruyantes. Je n'ai pas froid. Je n'ai pas faim. Des jeunes filles sont assises à côté de moi, et me regardent avec des yeux étonnés. Il commence à pleuvoir.

Depuis ma chambre d'hôtel, près de la cathédrale, je regarde d'en haut les lumières de la ville. On peut y voir les petits restaurant qui servent les clients assis sur des tabourets en plastique bleu, posés sur les trottoirs. Les routes sont devenues des trottoirs mais aussi la rivière qui laisse s'écouler un flot continuel de véhicules en tout genre. La ville a plusieurs visages et respire sereinement. Il y a de la buée sur la fenêtre. Elle est créée par ma respiration.

Après une douche bien chaude, je me lève et me sèche. Au miroir, mes cheveux sont mouillés. C'est moi, juste en face, et pourtant je ne le reconnais pas. C'est bien les traits auxquels je m'étais habitué. Mais je ne le reconnais pas. Je m'approche du miroir, pose mes mains sur sa surface, comme pour m'assurer que ce n'était pas une porte vers un autre monde. Je ferme les yeux. L'atmosphère de la salle de bain est encore lourde d'humidité. On entend qu'un silence pesant. Mon esprit est vide, sans aucun sentiment, sans presque aucune envie. A mes pieds, l'eau s'écoule doucement vers le syphon. Pendant un moment, j'ai envie de la rejoindre cette eau.
Et puis, pour oublier cette idée qui me propulserait dans l'inconnu des canalisations, je vais faire un tour autour du lac Hoan Kiem, le lac où dort une tortue depuis des siècles.





Vendredi 25 Février

« Quoi qu'on dise. Comment faire? Pour arrêter de penser?

« Les pensées s'enchainent et s'enroulent dans ma tête, sans pour autant me sortir de la misère dans laquelle je me trouve »
Yu Dafu

Je pense beaucoup trop, le problème c'est que ça me semble normal.

Hier j'ai vu une adaptation de La Douleur de Marguerite Duras, jouée par Dominique Blanc. (…) La comédienne a parfaitement bien mené cette dernière partie. Presque obsédante, basées sur les répétitions sur l'occurrence choquante du mot « merde », sur la métaphore du ventre et des plantes, sur ce corps qui se reconstitue petit à petit et ce magnifique « J'ai faim » qui conclue la pièce, sans qu'on s'en aperçoive.

Samedi 26 Février 2011
à Hue

Je suis couché sur mon lit
Et j'y entends le bruit des vagues
Et le bruit de l'eau troublante
Qui se heurte contre ses pieds

Ton corps, comme une vague
Qui enroulé dans les draps noirs
Et les cortèges de fleurs pâles
Respire bien tranquillement

Corps et promenade, dans les rues de la ville
Se détachent des coquilles de son
Des ellipses, callypiges
L'Arbre
Et l'atmosphère rose orangée
Un sourire d'orange
Un œil bleu et un œil vert.

Aujourd'hui, j'ai visité la Citadelle de Hue. Il y avait le drapeau du parti Communiste, qui flottait, gigantesque. Ils se sont infiltrés partout où l'histoire respirait, comme pour lui donner une couleur rouge.




 
Dimanche 27 Février 2011

« Je crois qu'aujourd'hui que j'ai compris qu'on ne peut voyager seul pendant deux mois que sous certaines conditions. D'abord, il faut aimer quelqu'un, et avoir envie de rentrer. Paradoxalement, je pense que ça rend le voyage du coup plus...disons qu'il a un sens, qui n'est non pas une fuite vers un meilleur mais découvrir qu'il y a d'autres endroits merveilleux de part le monde. Non pas que le bonheur est quelque chose qui se vit nécessairement à deux, c'est simplement qu'il doit être partagé.

Parfois, je pense à H. mais je ne me souviens même plus de son visage. Je me souviens simplement qu'elle était un peu différente que celles que j'avais rencontrer depuis lors.

Et puis j'ai voyagé de tombes en tombes. Tombes de Tu Duc, Gia Long, Ming Mang. J'aimerais bien aussi qu'on m'enterre dans de tels sanctuaires, en plein milieux de la forêt. Et que de jeunes gens viennent pécher des poissons, dans mes étangs.







Mardi 1er Mars 2011

Les petites dames du lac Hoan Kiem

Mon train est arrivé à Hanoï à 5 heures du matin. Mon hôtel était fermé. En fait, tout était fermé. De quoi pester contre le monde entier, quand on a dormi 9 heures sur une planche recouverte d'une pseudo-mousse qui sert de matelas.

Un moment assez fantastique où j'ai pu voir, à 6 heures du matin, les hanoiens faire leur footing, et la gym matinale. Un grand moment, quand le soleil se lève sur le Lac, et que tranquille, dans les buissons, autour du lac, sur les place, s'activent les courageuses mamies, pour faire un peu de fitness.

Après j'ai écris ça. Et pourtant, il n'y a pas vraiment de rapport, ni de destinataire.

Bien le bonjour Mademoiselle
C'est la première fois que je vous vois
Qu'est-ce qui vous amène par là?
Ah! La fraicheur du temps
La caresse du vent
Et la fraicheur des arbres


Oh moi! Mademoiselle
Ici c'est ma maison
Elle est un peu conceptuelle
Et parfois même j'y suis bien
En toute saison

C'est une maison un peu crânienne
Où circulent milles en unes pensées
Arborescentes, couleur du ciel
Sur son toit perle la rosée

J'y ai cloué des planches et condamné des portes
Je veux plus laisser entrer de feuilles mortes
Ni les courants d'air froids

Quoi! Mademoiselle
Vous voudriez rentrer?
Et laisser échapper
Votre âme, pourtant si belle
Dans cet esprit bien débraillé.



Vendredi 4 Mars 2011

Ce soir, je n'ai pas envie de lire, j'ai juste envie de changer le monde. J'ai envie d'écrire, mais je n'y arrive pas. Je n'ai pas de constances. Il faudrait que j'écrive plus. Mon ermitage, symbolisé par cette chambre d'hôtel louée pour le mois, ne porte pas vraiment ses fruits. Finalement, je sors plus que je ne reste ici.

Je devrais écrire à propos de ce rêve: Nous étions avec toute la troupe de théâtre de l'année dernière. Nous étions entrain de jouer une scène de guerre: tous arrivait sur scène habillés de blanc, comme des fantômes. Plus de bruits de mitraillette, et tout le monde s'effondre. Glauque à souhait.

Parfois, j'interprète tout pour essayer de donner une cohérence au système. Socialisme, amour des autres, Bisexualité, fusion des arts et de la politique, démocratie.

Des films et Des livres. Des livres vietnamiens, comme Duong Thu Huong par exemple. Les paradis aveugles, un très bon livre, un peu larmoyant, mais très poignant et qui montre tout l'échec du communisme.

Et puis des films aussi.

« J'ai tué ma mère ». Quel film! Xavier Dolan a écrit ce film quand il avait 17 ans. Diantre, il faut que je me bouge le cul! 17 ans, c'est l'âge que j'avais quand j'étais avec elle, que je me sentais plein de vie, et que je voulais écrire: « Ohwo! »

Et puis l'Amour bon sang! Il faut y penser à l'Amour!

(...)

Il y a quatre japonais qui m'entourent. Le Japon se rapproche petit à petit. Le Japon me manque.

(…)

Le Vietnam est un pays où les gens sourient. Mais j'ai raté son sourire ce soir. C'est étrange mais je n'arrive pas à vraiment à m'attacher. Peut-être est-ce surtout parce que je m'en vais bientôt. Ou pas envie de m'emmerder avec ça. Je ne sais pas. Relax, take it easy, Paul.

Huong. J'ai rencontré deux Huong. N'avaient pas le même visage. Sa beauté m'a frappé au visage. Mais qui?


Mercredi 9 Mars 2011

« Et puis il ne savait plus quoi dire. Et puis il le lui avait dit. Il avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort. »

Marguerite Duras, L'amant


J'aime ce passage. Il me parle. Je n'y peux rien. J'ai l'impression que mon cœur le scande contre les parois de mon for intérieur, pour faire écho jusqu'au fond de mon ventre, et voir si la phrase sonne bien, comme Gustave Flaubert et son gueuloir. Triste: oui, un peu. Cette douce mélancolie. D'y penser encore.

Non seulement, je suis un ruminant, mais en plus je suis un romantique. Mais pas n'importe quel romantique. Le romantisme est à réinventer, un romantisme qui rend libre. Un romantisme qui ne laisse pas de crottin de cheval sous le balcon. Peut être un romantisme politique qui montre que l'amour peut lier des hommes et des sociétés, sans pour autant les enchainer dans des mots et des discours, à des attitudes préconçues, à des attitudes politiques passivement exécutées. Un romantisme qui ne considère ni le destin des âmes sœurs ni par pur déterminisme social ou naturel. Un romantisme qui accepte que tout n'est que circonstance, et qui accepte la facticité du monde, et l'infini liberté des êtres. Suis-je clair? Pas vraiment.


(…)

Le Vietnam et ses gens, et ses visages, ses bruits. Je n'ai rien vu. Je suis resté un mois et je n'ai rien vu. Et je ne vous ai finalement rien raconté, parce que tout est resté dans ma tête. Et je ne vous montre ici, que mon nombril et le nombril du monde. Étrange expérience.

















 
(…)

Les pensées deviennent de plus en plus rares et secrètes.

(…)

Ouais j'y otage de ma tête
Tout s'que j'vois par la f'nêtre
Déménage dedans

Camille, Assise


(…)

Loin de là où j'étais, il y a eu un tremblement de terre, et puis après plein de choses ont changé. Et j'ai eu alors le sentiment d'être tout vide. Pourvu que tout aille bien. Pourvu qu'ils aillent bien. Pourvu qu'il aille bien. Pourvu que le Japon aille bien.

(...)

Ce que je veux faire dans la vie finalement, je le sais. C'est comme si j'écrivais perpétuellement le livre de celle-ci, en revenant toujours sur les images les plus obsédantes. Je donne alors une couleur différente à chaque fois. Une nouvelle image. Une nouvelle lueur.






 

Lueurs

Sur le plafond bleu et mauve
Ce sont toujours les ombres
Qui chantent, dansent et exhalent
« Les mêmes odeurs »

En fait le soir j'ai plutôt peur
J'ai très peur des lueurs
J'ai très peur de ses grandes ombres
Qui me regardent sans pudeur

J'ai 17 ans
Ou peut être que j'en ai 22 maintenant
Mon ombre n'a pourtant pas grandie
Et reste la même face au soleil

L'ombre s'assied sur mon lit
Je la déshabille lentement
Et un souffle froid m'envahit
La peur: cette peur indescriptible.

Alors que j'étais dans tes bras
J'ai eu peur bien au début
Mais ces bras rassurant on fait de moi un ruisseau
Le temps d'un instant

Sur le plafond bleu et mauve
Ce sont toujours les ombres
Qui chantent, dansent et exhalent
« Les mêmes odeurs »




(...)

Écrire des livres, c'est écrire sa vie je pense. Et si écrire c'est vivre, alors il n'y aura plus rien d'autre d'important. « Il faut écrire des choses importantes. »


« Je crois que ma vie a commencé à se montrer à moi. Je crois que je sais déjà de me le dire, j'ai vaguement envie de mourir. Ce mot, je ne le sépare déjà plus de ma vie. Je crois que j'ai vaguement envie d'être seule, et même je m'aperçois que je ne suis plus seule depuis que j'ai quitté l'enfance, la famille du Chasseur. Je vais écrire des livres. C'est ce que je vais faire au delà de l'instant, dans le grand désert sous les traits duquel m'apparaît l'étendu de ma vie. »

Marguerite Duras, L'Amant




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